Quand les chevaux deviennent acteurs de leur propre spectacle. Dans une pièce sans cavaliers ni voltigeurs, ces bêtes dansantes seront les seuls personnages de “ l’ultime création” de son metteur en scène.
C’est ainsi que le fantasque Bartabas décrit sa dernière production. Et nous ne pouvons pas l’en blâmer, l’expérience est troublante. Le spectateur est d’emblée plongé dans une semi-pénombre, où quelques rares bougies brisent l’obscurité. C’est alors que les acteurs entrent en scène, dans un subtil mélange d’ordre, beauté, chaos et repos. Une danse mystérieuse où les chevaux semblent guider par eux-mêmes, comme s’ils n’avaient jamais quitté leurs terres natales. C’est ici que repose toute la magie de ce spectacle : les chevaux font-ils ce qui était prévu ? improvise-t-il ? Bartabas contrôle-t-il la scène ?
Comme il le dit lui-même : “Nos chevaux comprennent ce qu’ils ont à faire. Mais il faut accepter qu’il le fasse leur manière”. La liberté donnée à ces chevaux démontre de la maîtrise et de la confiance du metteur en scène à ses artistes. Un hommage rendu au cheval, s’élevant seul, sans cavalier ni maître.
Pour son concepteur, c’est un achèvement. À 60 ans, il l’admet “ que puis-je faire après ?”. Car aujourd’hui il nous aura donné une magnifique leçon d’humilité, sa plus belle oeuvre est celle qu’il aura la moins dirigée.
20 spectacles seront donnés à la scène nationale Chateauvallon et à Le Liberté à Toulon du 19 Novembre au 15 Décembre, la dernière escale française d’une tournée de 5 villes.
Louis Bouchard
Photographie prise lors du spectacle Ex Anima , cf linflux.com