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Sacha, 8 ans, jeune espoir du tennis azuréen

Sacha Carante est déjà champion régional de sa catégorie, photo Cyril Dodergny

Article paru dans Nice-Matin Menton le 10/01/2020

 

Sacha Carante grille toutes les étapes. Champion régional de sa catégorie, le Mentonnais est l’un des espoirs du tennis azuréen. Et le prodige peut compter sur le solide soutien de son entourage.

 

Du haut de son 1 mètre 23, on le remarquerait à peine. Assis au coin d’une table du tennis club de Menton (TCM), le petit Sacha se fait discret. Pourtant, derrière ses mèches blondes et son sourire candide, se cache l’âme d’un grand compétiteur. Après avoir commencé le tennis, à l’âge de 2 ans et demi, le Mentonnais est devenu, à seulement 8 ans, un véritable champion dans les catégories supérieures.

Jouer contre des garçons de 11 ans ne lui fait peur : «J’ai un ami qui fait 1 mètre 41, avoue Sacha, Je me sens un peu petit, mais ça me fait progresser de jouer face aux plus grands». Sous l’œil admiratif de son père Martial, coach au club et ancien -15 (1), Sacha apprend à toute vitesse. «Il est encore un peu nerveux sur le terrain, rigole son père, mais il va apprendre.» De quoi rappeler un certain Novak Djokovic, idole de Sacha. «J’adore regarder ses matchs, avoue-t-il, C’est mon joueur préféré». Un modèle pour le petit mentonnais, qui rêve de devenir professionnel.

 

Dans ce but, Sacha s’entraîne corps et âme. 13 heures de tennis par semaine, en comptant les séances de physique. Un rythme soutenu qui ne dérange pas le jeune champion. «J’aime beaucoup m’entraîner», affirme-t-il, Martial acquiesce et sourit: «C’est sa passion, il y met beaucoup d’énergie et de temps.»

 

CONCILIER ÉCOLE ET TENNIS

 

À l’âge de 8 ans, c’est le CE2 et le début des devoirs. Les premières dictées, premières notes… Tout cela, Sacha l’a bien assimilé. «Je me sens bien à l’école, j’ai des horaires aménagés, détaille-t-il. Parfois je peux finir à 15 heures pour aller à des entraînements de la Ligue.» Une situation exceptionnelle qui lui permet d’alterner tennis et école sans soucis. «On met tout en place pour concilier études et sports, explique Martial. Les cours d’EPS qu’il fait avec ses amis d’école lui plaisent beaucoup également.»

Plus que le tennis, c’est le sport en général qui intéresse Sacha, «J’aime beaucoup l’AS Monaco et Ben Yedder», avoue-t-il timidement. Malgré son jeune âge, le protégé du TCM se rend bien compte des moyens mis en place à son égard. Une situation particulière qui nécessite rigueur et sérieux : «Les entraînements sont parfois durs et fatigants, on est attentif et plus exigeant avec lui car il a un gros potentiel», reconnaît son père.

 

Lui aussi joueur de tennis à haut niveau, Martial a fréquenté ce milieu. «S’il veut réaliser son rêve, il faut qu’il travaille sérieusement.» Un dur labeur sur les terrains de tennis comme dans les salles de classe. Une chose est certaine, le petit champion met toutes les chances de son côté pour briller dans ces deux domaines.

 

«ÊTRE BIEN ENTOURÉ»

 

Le sport de haut niveau nécessite un mental d’acier. D’autant plus lorsqu’il s’agit d’un sport individuel aussi exigeant que le tennis. Pour réussir, les champions se doivent d’être bien entourés. C’est le cas pour Sacha. En plus de sa famille, le jeune talent est soutenu par tout son club. Une attitude partagée par le champion régional : «J’adore regarder mes amis jouer pendant les tournois, on s’entraide tous mutuellement.»

S’il est parfois seul pendant les entraînements, il ne l’est jamais en match. Papa, maman ou les amis sont toujours présents pour encourager la pépite de Menton. Lorsqu’il est au club, il n’est pas rare d’entendre des «bravo Sacha pour tes exploits». Des compliments que le prodige accueille toujours avec modestie et sourire.

Cet entourage, il ne le perdra pas. Même s’il doit partir à l’étranger. «Il est possible qu’il fasse des tournois qui ne soient pas en France, intervient Martial. Le tennis évolue et s’internationalise.» Aller au-delà des frontières, découvrir de nouveaux cours à l’étranger… Des hypothèses qui font rêver Sacha. «Voyager grâce au tennis, ce serait vraiment super», admet-il, des étoiles pleins les yeux.

 

OBJECTIFS ÉLEVÉS POUR LE FUTUR

 

Ces expériences, elles permettraient aussi à Sacha de découvrir sa surface favorite : le gazon. «Même s’il y en a peu dans la région - un cours de gazon synthétique à Carros - c’est la surface la plus rapide», explique son coach Martial. Comme son idole Djoko, le petit champion veut devenir un expert sur la pelouse londonienne : «Wimbledon, c’est mon tournoi préféré», s’enthousiasme Sacha. «Il était aux anges lors de la victoire de Novak face à Federer cette année», se souvient Martial en regardant son fils.

Si tous deux espèrent qu’un jour Sacha jouera en Angleterre, les objectifs qu’ils se fixent sont bien plus proches. «Je dois être 15/5 avant la fin de l’année», s’exclame le jeune tennisman.

 

Pour cela, il doit battre des joueurs qui ont un classement plus élevé que le sien (30/2), sauf que la plupart d’entre eux sont plus âgés. «Ce n’est pas simple parce que comme je suis plus petit, les adversaires liftent (2) et je me retrouve à jouer dans les grillages», regrette Sacha, déçu. Il se ressaisit et annonce fièrement «c’est comme ça que je progresserai de toute façon».

La route sera longue avant d’atteindre le niveau de son papa (-15), mais le duo Carante est déterminé. D’autant que cette année aura été riche en trophée pour Sacha, avec des victoires à Beaulieu, Nice et Antibes notamment... un palmarès impressionnant pour le champion régional.

 

UN TEMPÉRAMENT VOLCANIQUE

 

Son éternel sourire laisserait croire à un ange sur le terrain. Pourtant, il ne faut pas le sous-estimer. «Les rares reproches que je lui adresse sont par rapport à sa nervosité», détaille Martial. «Il ne contrôle pas encore toutes ses émotions.»

«Lors de sa finale régionale, il était stressé», relate son père, retransformé en entraîneur le temps d’un match. «Il a perdu le premier set à cause de la pression qu’il se mettait.» Finalement, tout s’est bien terminé pour le prodige mentonnais avec une victoire en trois sets. Ces tempéraments volcaniques ont fait la force de nombreux grands joueurs. On peut penser aux fameux Nastase et Mcenroe ou même à Federer qui, lors de son adolescence, était particulièrement nerveux sur un terrain.

 

Sacha suit en tout cas les pas de son modèle Djoko, capable de concentration hors-norme comme de sauts d’humeur imprévisibles. Il joue d’ailleurs avec le même équipement que le serbe: Head. La comparaison n’est pas finie puisque Sacha adopte aussi le revers à deux mains, point fort de Novak et a un goût prononcé du spectacle. Qui sait, peut-être que dans quelques années un jeune homme blond fera le show sur les courts de Roland-Garros.

 

Louis Bouchard