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Frédérique Garlaschi : auteure de solidarité

Auteure, professeure et même serveuse … La vie de Frédérique Garlaschi n’a pas été un long fleuve tranquille. Aujourd’hui agente de maîtrise dans l’association Volubilo à Graulhet, elle est de celles qui vivent pour les autres. A 55 ans, la femme de lettre se mue en couturière le temps d’un confinement, en fabriquant des masques pour les hôpitaux. 

 

“Les mots me consolent de ce paradis perdu”. Amoureuse des mots, Frédérique Garlaschi les utilisent pour exprimer ses pensées. Cette citation, tirée de son livre Sept mètres de soie, représente l’amour qu’elle porte aux lettres; comme son aversion d’une société qu’elle juge trop brute. Mère de trois enfants, tous artistes, elle a découvert dans la petite ville de Graulhet (Tarn, Occitanie n.d.l.r) un foyer culturel qu’elle apprécie. Entre boulot et écriture, solidarité et entraide, l’auteure a trouvé son rythme. 

“J’ai pu côtoyé des milieux différents”

 

Avant d’arriver à Graulhet en 2003, Frédérique Garlaschi a connu bien des expériences. Originaire d’Aurillac, en Auvergne, l’adolescente qu’elle était ne connaissait pas la ville. C’est pour ses études qu’elle franchit le pas et s’installe à Toulouse. “J’avais le choix entre Clermont et la ville rose, j’ai préféré la seconde alternative, bien plus excitante”, avoue-t-elle dans un sourire. Commence alors une nouvelle vie à l’université du Mirail (aujourd’hui celle de Jean-Jaurès n.d.l.r). “J’ai mis trois mois à m’adapter à tout ce changement ” s’enquit-elle. Etudiante en philosophie, Frédérique Garlaschi commençait déjà à écrire dans son coin. 

 

Mais ce n’est que plus tard qu’elle se lancera dans cette vocation. “Je voulais enseigner. Après 5 ans au Mirail et une maîtrise de philosophie en poche, je me suis lancée en tant que professeure.”  Une expérience qui n’aura duré que trois ans. De son propre aveu, elle confirme qu’elle “n’était pas faite pour les programmes imposés et le système de l’éducation nationale.” Plusieurs horizons s’offrent alors à l’ex-enseignante : “Je devais faire un choix, j’ai  décidé d’enchaîner les petits boulots.” De femme de ménage au centre équestre en passant par Hippopotamus et MacDonald, la jeune femme a petit à petit découvert les réalités du travail. “Mes passages dans les restaurants m’ont permis de connaître les patrons et managers despotiques. Si ça n’a pas été agréable - j’ai perdu 15 kilos -, ces expériences m’ont beaucoup apporté. C’est ma rencontre avec la société matérielle.” De ces jobs “alimentaires”, Frédérique Garlaschi en est ressortie grandie. “J’ai pu côtoyé des milieux différents convient l’auteure. Ce sont des moments qui forgent à la réalité.” 

 

L’écriture, comme une évidence 

 

Sa voie, elle la connaissait. Peut-être avait-elle peur de s’y engager, mais sa place était dans le milieu littéraire. “Je continuais à écrire pour moi. J’ai alors rencontré le beau-père d’une amie se rappelle-t-elle. Il m’a conseillé à une maison d’édition - les éditions Privat - où j’ai été prise en stage de huit mois.” S’ensuit alors une embauche au poste de coordinatrice éditoriale. Un statut qu’elle occupe pendant huit ans, avant de faire le grand saut. “C’est la naissance de mon second enfant qui fut l’élément déclencheur.”  A cette époque, les congés parentaux viennent d’être créés et donnent à Frédérique Garlaschi un peu de temps libre. Un “repos” révélateur : “J’avais en tête l’idée de me lancer, l’occasion était trop belle.”  Ces petites vacances marque la rédaction de son premier long projet d’écriture. 

 

Après quelques péripéties avec ses maisons d’éditions, l’écrivain trouve son bonheur avec  Le Gaulois Nomade. C’est pour la naissance de son troisième et dernier enfant, Louise, qu’elle termine son premier roman Sept mètres de soie. “Tout n’a pas été simple, raconte-t-elle. Mon agent voulait que je modifie certaines parties de mon texte. J’ai refusé. Cette oeuvre, c’était moi. Pour rien au monde je ne l’aurais modifiée.” 

Fort de ce caractère et de la réussite de son premier ouvrage, publié en 2012, l’ancienne professeure ne s’arrête pas là et sort deux autres livres : Les voix de l’ombre et Le beurre de la biscotte. Alternant son nouveau travail - en tant qu’agente de maîtrise dans l’association  Volubilo - et sa vocation d’auteure, Frédérique allie ses deux passions : la littérature et le culturel. 

 

Solidaire avant toute chose 

 

Ce n’est pas une coïncidence si Frédérique Garlaschi est un rouage de la vie culturelle de la commune graulhétoise. Passionnée et solidaire avant tout, elle ne cesse de se démultiplier pour les autres. A côté de son travail, de ses loisirs et de son temps de rédaction, l’auteure donne aussi des ateliers d’écritures. Bien loin du programme de l’éducation nationale, elle dirige d’une main de maître ses cours. “C’est un peu compliqué avec le confinement, reconnaît-elle. J’ai donc créé un forum où je poste chaque jour des thèmes pour ceux qui veulent s’entraîner à la rédaction.” En plus de cette activité, l’écrivain coud également des masques pour lutter contre l’épidémie de coronavirus. “J’avais toutes sortes de tissus chez moi. Avec ma fille, on s’est activé pour fabriquer 70 masques” se réjouit-elle. 

 

Le confinement, c’est également l’occasion pour l’auteure de travailler ses prochains romans. “Je me suis engagé dans une trilogie inspirée de celle “Du Siècle” de Ken Folett. C’est une histoire inspirée de faits réels, notamment de ma famille et mes grands-parents. Ca parlera de l’épopée de quatre familles, dont deux immigrées venues d’Italie”, déclare l’auteure, les yeux pétillant d’excitation. Pour l’heure, seul les trois quarts de la première partie est terminée. La promesse de futures heures de rédaction, on sait comment l’écrivain va s’occuper pendant son confinement. 

 

Louis Bouchard