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Le colportage où la loi de celui qui criera le plus fort

Il est des métiers qui traversent les époques et marquent les esprits. Celui de colporteur de journaux en fait partie. Bien que nos rues ne laissent, aujourd’hui, plus place à ces marchands atypiques, nous avons tous en tête l’image de ce petit gamin qui fait des pieds et des mains pour vendre ses journaux. Né au XVIIIe siècle, le métier n’a cessé de s’adapter à l’évolution de la presse. Retour sur l’histoire d’une profession toute particulière. 

 

“Le colporteur véloce a un avantage certain sur le marchand qui porte de lourdes charges : le commerce repose avant tout sur la rapidité des déplacements et la conclusion des affaires.”

 

Dans ses oeuvres, l’écrivain malien Massa Diabaté vantent souvent son admiration envers les petites gens, celles qui se démènent pour un sou. Les colporteurs en font partie. A l’origine, les livreurs de presse sont souvent des personnes infirmes, n’arrivant pas à trouver un travail en société. L’activité de colporteur ne représente, au XVIIIe siècle, qu’une source de revenu comme une autre. Il faut attendre la loi du 29 juillet 1831 pour que le colportage ne soit reconnu comme une profession à part entière. La vente à la criée devient une activité professionnelle et encadrée.


L’apogée puis la chute 

 

Au XIXe siècle, le colportage devient une institution réglementée. Concurrence, domination, stratégie … Tous les moyens sont bons pour vendre les journaux, parfois en jouant avec la légalité. Alors que certaines entreprises se disputent véhément des lieux précis, les colporteurs deviennent un outil essentiel au bon fonctionnement des médias. Dorénavant, pour attirer le lecteur, il faut être le plus incitatif. 

 

Naissent alors les titres exagérés, les fausses nouvelles et les indiscrétions les plus secrètes. La vente à la criée est à son apogée et les marchands ambulants rivalisent de créativité. On dénombre 3500 colporteurs déclarés en 1848, un record. Toutefois, l’évolution des techniques de vente va avoir raison de cette mode. Tout au long du XXe siècle, le nombre de colporteurs est en chute libre et disparaît au début des années 70. Aujourd’hui, la vente à la criée a disparu. De rares courageux tentent encore de vendre les journaux dans les rues mais c’est peine perdue. Le colportage est une activité qui appartient indéniablement au passé.

 

Louis Bouchard