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La Lanterne ou l'Ancêtre du Canard

Des années 1850-1870, la France est dirigée par le plus petit des Bonaparte : Napoléon III. N’ayant ni le charisme de son oncle, ni l’autorité d’un empereur, le souverain est sous le feu incessant des moqueries. Raillé par Victor Hugo, humilié par la bourgeoisie, “Nabot-Léon” est la cible préférée des médias. Et surtout d’un en particulier : La Lanterne. 

 

Fondé par Henri Rochefort en 1868, le journal s’impose rapidement dans le paysage médiatique. La ligne éditoriale du titre est simple : taper sur le gouvernement. Un domaine dans lequel son créateur excelle. Dramaturge, Henri Rochefort dépeint avec humour les frasques absurdes du régime : " L'empereur choisit généralement le mois de janvier pour faire des promesses et garde les autres mois pour ne pas les tenir".

Une de La Lanterne à ses débuts 

Tous contre l’empereur

 

Cette satire constante plaît et La Lanterne trouve un fidèle public chez la bourgeoisie française. De Paris à Dijon en passant par Lyon, le journal voit sa popularité exploser. De 15 000 tirages à sa première édition, il passe à 120 000 un an après. Malheureusement, ce succès soudain arrive aux oreilles de l’empereur. Révolté, ce dernier décide d’interdire la vente du journal avant de lui infliger de multiples amendes et condamnations. Henri Rochefort est, lui, contraint de quitter le pays pour échapper aux peines de prison prononcées à son encontre. 

 

Malgré tout, la Lanterne continue de briller. Installé à Bruxelles, le journal ne stoppe pas son activité. Hébergé par Victor Hugo, autre ennemi de “Napoléon-Le-Petit”, Rochefort renouvelle ses critiques. Protégé par son exil, le journaliste se permet même des attaques plus véhémentes que jadis. C’est en 1876 que le titre disparaît, son créateur décidant d’en créer un nouveau nommé La Marseillaise. 

 

Bien qu’il n’y ait eu que 173 éditions, la Lanterne fut une inspiration pour de nombreux titres tels que Le Gaulois, La Cloche mais aussi Le Canard Enchaîné. 

 

 

Louis Bouchard