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L'échec de Bartomeu en 10 dates

 

Ce mardi, Josep Maria Bartomeu a démissionné de son poste de président du FC Barcelone. Affaibli, esseulé et visé par une motion de censure, Bartomeu a décidé de mettre fin à son mandat, censé durer jusqu’en mars 2021. En poste depuis 2014, l’ancien président affiche un bilan catastrophique. Entre transferts ratés, désastres européens et gestion calamiteuse, il laisse à son successeur la lourde tâche de redorer le blason blaugrana. Retour sur les 10 moments qui ont marqué le mandat Bartomeu. 

Josep Maria Bartomeu annonce sa démission au Camp Nou ce 27 octobre 2020, photo bolavip.com

21 juillet 2016 : Signature d’André Gomes

 

Revenons à l’été 2016. Le Barça sort alors d’une saison réussie, récompensée d’une Liga et d’une Copa del Rey. Si la MSN (Messi-Suarez-Neymar) impressionne l’Europe, l’entrejeu blaugrana déçoit. Le coach, Luis Enrique, peine à remplacer le départ de Xavi et le recrutement d’Arda Turan, arrivé en provenance de l’Atletico, est décevant.

La direction sportive, alors sous la tutelle d’Andoni Zubizarreta, jette son dévolu sur le jeune André Gomes, 23 ans. Tout juste champion d’Europe avec le Portugal, le jeune milieu de terrain sort d’une saison très prometteuse avec Valence. 

 

Le FC Barcelone s’offre ses services contre un chèque de 35 millions d’euros, une somme jugée très généreuse par les observateurs. Le temps leur donnera raison puisque le portugais n’arrivera jamais à s’imposer. Pire encore, il est sifflé lors de ses entrées au Camp Nou. En manque de confiance, le joueur avoue à la fin de la saison “avoir honte de sortir dans la rue”. Il sera prêté en 2018 à Everton. 

 

L’épisode André Gomes signe le début d’une vague de recrutements ratés sous la direction Bartomeu avec notamment les arrivées de Dembélé, Coutinho, Paco Alcacer, Kevin-Prince Boateng ou encore Griezmann. 

 

2 août 2017 : La fin du feuilleton Neymar

 

Jamais un transfert n’avait été aussi médiatisé. Le 2 août 2017, après deux mois de rumeurs et de rebondissements incessants, le FC Barcelone officialise le départ de Neymar Jr au Paris-Saint-Germain. Le monde du football est sous le choc. Le brésilien, resplendissant avec Messi et Suarez, quitte le club catalan contre 222 millions d’euros. Une somme record, montant de sa clause libératoire, qui voit plus que jamais le ballon rond entrer dans un système de “foot business”. 

 

Face à la perte d’une de ses stars, Bartomeu et la direction barcelonaise affichent une passivité inquiétante. Ils sont les principaux responsables du départ de Neymar, d’autant que le remplacement du brésilien ne convainc pas : l’arrivée du jeune Ousmane Dembélé est un flop. 

 

10 avril 2018 : Le ROMAntada 

 

Le 8 mars 2017, le FC Barcelone réalise l’exploit de se qualifier après avoir perdu le match aller 4-0. 13 mois et deux jours plus tard, le FC Barcelone est éliminé après avoir gagné le match aller 4-1. On est alors le 10 avril 2018. Les joueurs barcelonais arrivent sereinement à Rome pour disputer leur quart de finale retour de Champions League. Conscients de leurs forces, les coéquipiers de Lionel Messi sont tout sourire à l’échauffement, eux qui n’ont pas perdu un match de la saison. Nul ne se doute alors de la débâcle historique qui se profile. 

 

Dépassé, le Barça livre une prestation fantomatique. Une défense catastrophique, une attaque sans idée, le FC Barcelone s’incline 3-0 sans avoir livré combat. Lionel Messi, tête baissée, n’en revient pas. C’est toute la Catalogne qui est à terre. Les journaux espagnols sont unanimes, c’est une fin de cycle. Un homme est alors pointé du doigt, l’entraîneur Ernesto Valverde. Dans ce climat de tension, Bartomeu joue la carte de l’apaisement et renouvelle sa confiance envers son coach. Une décision qui déplaît aux socios barcelonais, très virulents à l’égard de la direction.

 

7 mai 2019 : L’humiliation de trop ? 

 

Il est un proverbe français qui affirme “qu'on apprend toujours de ses erreurs”. S’il s’applique dans certaines situations, il ne fonctionne pas du tout dans le cas du FC Barcelone (et du Paris-Saint-Germain). Après la déroute romaine de 2018, le Barça part à Anfield pour disputer sa demi-finale retour de Ligue des Champions. Alors qu’ils ont remporté le match aller 3-0, les blaugranas arrivent au complet face à un Liverpool amputé de ses meilleurs joueurs : Mohamed Salah et Roberto Firmino. Plus que jamais, cette rencontre ressemble à une formalité pour le Barça, qui n’a plus qu’à mettre un but pour se qualifier. 

 

Porté toute la saison par un Lionel Messi stratosphérique, le FC Barcelone se fait dévorer par les Reds. Score final 4-0. La honte est totale. Cette fois-ci, Ernesto Valverde ne peut pas y survivre, lui qui n’a pas trouvé de solution pour remobiliser ses joueurs.

Et alors que toute la presse catalane attend le licenciement du coach barcelonais, Josep Maria Bartomeu sort une masterclass. Persuadé de la qualité du technicien basque, il lui réitère une nouvelle fois sa confiance. Le Barça avait besoin de changement, il n’y en a pas eu. La direction, elle, est plus que jamais sous le feu des critiques. 

 

11 juillet 2019 : Le cas Griezmann

 

Après avoir échoué à recruter Antoine Griezmann en 2018. Le FC Barcelone affiche une nouvelle fois son intérêt pour l’attaquant français lors du mercato 2019. 

Problème, le vestiaire catalan est absolument contre le recrutement de “Grizou”. En cause ? Toute la mise en scène orchestrée par Griezmann l’an passé. L’attaquant français avait volontairement fait planer le doute sur son avenir avant d’annoncer, dans une vidéo polémique, sa volonté de rester à l’Atletico. Le manque d’honnêteté de Griezmann vis à vis du club barcelonais avait fortement déplu aux cadres catalans et notamment à Leo Messi, qui réclamait le retour de Neymar. 

 

Alors qu’il connaît toutes les tensions autour de ce dossier, Bartomeu choisit de recruter Antoine Griezmann pour 120 millions d’euros. Un recrutement qui dégrade fortement les relations entre le président et ses joueurs.

 

Le 14 juillet 2019, Antoine Griezmann est présenté aux supporters par le président Josep Maria Bartomeu, photo globalpulsemagazine.com 

 

Janvier 2020 : La campagne du Barça contre ses propres joueurs

 

Au début de l’année 2020, les médias catalans entendent parler d’une rumeur improbable : le président Bartomeu aurait demandé à des entreprises de communication de salir l’image de ses joueurs sur les réseaux sociaux. Rapidement, les journalistes s’emparent du dossier. Sous la pression des journaux Mundo Deportivo et Sport, le club craque et “reconnaît avoir eu recours à des comptes non officiels pour préserver sa réputation et celle de son président”. En revanche, le président dément avoir voulu nuire à ses propres joueurs. Toutefois, certaines sources proches du dossier affirment que Josep Maria Bartomeu aurait demandé aux entreprises de nuire à la réputation de plusieurs figures emblématiques comme Messi, Xavi, Puyol, Piqué ou encore Guardiola. 

 

13 janvier 2020 : Le licenciement d’Ernesto Valverde 

 

Ce début d’année 2020 est également marqué par le licenciement d’Ernesto Valverde. Après avoir survécu aux désastres de Rome et d’Anfield, l’entraîneur basque a finalement fait les frais d’une nouvelle élimination : celle en Supercoupe d’Espagne face à l’Atletico Madrid. Si la décision de Bartomeu n’a, cette fois-ci, pas été critiqué … le choix de son successeur l’a été. 

 

Alors que les socios réclamaient un coach made in Masia - centre de formation du Barça -, c’est un entraîneur n’ayant jamais porté les couleurs blaugranas qui est choisi : Quique Setien. Bien qu’il soit amateur de beau jeu, l’ancien entraîneur du Bétis manque d’expérience et de caractère. Il ne sera néanmoins pas inquiété jusqu’au 14 août. 

 

14 août 2020 : La mort du grand Barça 

 

Allemagne-Brésil 2014 : 7-1. Barcelone-PSG 2017 : 6-1. Ces humiliations resteront à jamais gravées dans la mémoire collective, comme ce Barça-Bayern 2020. D’un côté, des bavarois impressionnants, sur une série de 20 victoires consécutives. De l’autre, des barcelonais hésitants, en train de laisser échapper la Liga. Mais tout de même, une affiche comme celle-là fait rêver. Mais comme en 2019, comme en 2018, le FC Barcelone s’est fait corriger. 8-2. Jamais une équipe ne s’était imposée sur un tel score en ¼ de finale de Champions League. Cette défaite, c’est la mort du grand Barça. La fin de l’illusion. 

Le lendemain, Quique Setien est viré. Une semaine plus tard, c’est le sextuple ballon d'or qui demande à partir.

 

Septembre 2020 : Messi demande à quitter le FC Barcelone

 

Désespéré par la direction catastrophique de Josep Maria Bartomeu, Lionel Messi prend une décision radicale : quitter son club de cœur. Face à cette situation, Bartomeu engage alors un bras de fer avec les agents de l'argentin. Un duel qu’il remportera, aucun club n’étant capable de débourser les 700 millions demandés par le Barça pour Leo Messi. 

Toutefois, s’il a gagné cette bataille, Bartomeu a perdu la guerre. Dans une interview donnée le 4 septembre au média Goal, la Pulga allume son président, l’accusant de “ne pas tenir ses promesses”. 

 

Mais entrer en conflit ouvert avec Messi, c’est entrer en guerre contre les socios.

 

7 octobre 2020 : La motion de censure validée

 

La conséquence est directe. Fin septembre, une motion de censure est déposée contre le président Bartomeu. Si celle-ci atteint le total de 16 521 signatures, soit 15% des socios, alors un référendum sera tenu pour déterminer l’avenir de la direction. Le 7 octobre 2020, la motion est validée, une première dans l’histoire du club. Le référendum n’aura cependant jamais lieu, Josep Maria Bartomeu ayant démissionné avant le vote. 

 

Louis Bouchard