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Les étudiants face au fléau des arnaques immobilières

Depuis quelques années, le marché du logement locatif est gangrené par les arnaques. Alors que leur présence s’intensifie, les locataires doivent être préparés à y faire face. 

 Des milliers d'étudiants sont victimes d'arnaques chaque année à Lille cf Louis Bouchard

 

 

La vie étudiante n’est pas de tout repos. La CAF, le CROUS, le déménagement … À cet heureux bazar s’ajoute une quête bien plus complexe encore : la recherche d’appartement. Dans cette course effrénée au logement, les jeunes adultes sont prêts à tout pour décrocher le Graal. Or, cachés derrière leurs belles annonces, les arnaqueurs sont à l’affût. Orthographe irréprochable, photos impeccables … ils ont dans leurs ordinateurs les armes du coup parfait. 

 

Un mode opératoire bien huilé

 

La recette est simple : publier une annonce à prix raisonnable sur Leboncoin ou Seloger.com, illustrée par de beaux visuels puis ajouter une légende cordiale et descriptive. "Quand on tombe dessus, il n’y a aucun moyen de savoir qu’il s’agit d’un fake”, avoue Mathilde. Etudiante à l’Université Catholique de Lille, la jeune femme n’a pas pu échapper aux arnaques. “J’en ai évité une dizaine, assez grossières, mais je suis tombé dans le panneau une fois”, confie-t-elle, “alors que j’étais en contact pour un logement, le propriétaire m’a demandé de placer de l’argent sur Western Union (banque internationale n.d.l.r) afin de prouver que j’avais les fonds nécessaires. La banque assurait que mon dépôt ne pouvait être récupéré que par une personne à l’identité précisée préalablement. Pourtant, deux jours plus tard, la somme avait disparu." 

 

 

Leboncoin et Seloger.com sont les sites préférés des arnaqueurs, cf Cidjy Pierre
Leboncoin et Seloger.com sont les sites préférés des arnaqueurs, cf Cidjy Pierre

Western Union, MoneyGram, NeoSurf … Ces plateformes de change “sécurisées” sont le repère des arnaqueurs car elles jouissent d’une double facette : dans un premier temps, elles rassurent les potentiels clients, dans un second elles permettent aux escrocs de récupérer les dépôts par des moyens détournés. Pour convaincre les locataires, les voleurs affirment que ces fonds permettent au dépositaire de doubler la concurrence des prétendus autres dossiers. La grande majorité des arnaques réside justement dans cette panique des clients, prêts à déposer de l’argent sans garantie ni visite d’appartement pour s’assurer un logement. 

 

Des réseaux d’arnaques impunis ? 

 

 Bien que ces escroqueries soient connues des services de police, elles sont très complexes à faire cesser. La cause ? Il s’agit généralement de réseaux d’Afrique de l’Ouest, utilisant constamment des adresses mails et IP intraçables. Des stratagèmes simples mais diablement efficaces. Pour Jean-Baptiste Boisseau, créateur du site Signal-Arnaques, “la détection des fraudes pourrait être meilleure, il existe des systèmes très performants dans ce domaine. Nul doute que les moyens attribués pour lutter contre ces pratiques sont totalement insuffisants.” L’entrepreneur tire la sonnette d’alarme : "Une réponse répressive des autorités à la hauteur du phénomène devient absolument nécessaire... mais ne semble toujours pas à l'ordre du jour.” 

 

Louis Bouchard