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Bodø/Glimt : Quand David écrabouille Goliath

En tête de son groupe de Conference League, Bodø/Glimt est l’une des révélations de ce début de saison. Après avoir humilié l’AS Roma 6-1, le club norvégien compte bien jouer les trouble-fêtes en coupe d’Europe. 

             6-1. Jamais dans sa carrière d’entraîneur José Mourinho n’avait connu telle humiliation. Regard vide, tête baissée, il assiste impuissant à la leçon donnée à ses joueurs. Le coupable ? Bodø/Glimt. Ce nom ne vous dit sûrement rien et c’est bien normal. Pourtant, ce n'est pas la première fois que les hommes de Kjetil Knutsen donnent du fil à retordre aux Italiens. 

José Mourinho, entraîneur de l'AS Roma, encourageant ses joueurs lors de la débâcle de son équipe 6-1, cf sport.meteoweek

Le 24 septembre 2020, les jaunes et noirs n’étaient pas passé loin de l’exploit face au Milan AC en barrages de la Ligue Europa. Une défaite 3-2 à San Siro, pleines de promesses, un avant-goût de ce dont cette équipe est capable. Après une saison 2020 réussie, couronnée d’un titre de champion de Norvège, Bodø/Glimt aborde cette saison 2021 avec moins d’enthousiasme. 

 

Pour l’amour du jeu

 

La raison ? La perte de leurs deux meilleurs joueurs : le buteur Kasper Junker (27 buts en 25 matchs) et le maître à jouer Philip Zinckernagel (19 buts en 28 matchs), parti à Watford . Pour combler ces départs, Bodø fait deux paris. Le premier : Erik Botheim. Un attaquant de 21 ans formé à Stabaek, n’ayant pas encore fait ses preuves. Le second, le retour du serial buteur de Kristiansund, l’expérimenté feu-follet Amahl Pellegrino. Les résultats ne se font pas attendre : Botheim marque lors de ses 5 premiers matchs et Pellegrino inscrit un triplé pour son arrivée. Bodø/Glimt est prêt pour l’Europe. 

 

Toutefois, si bonnes soient les recrues, Bodø ne se résume pas à ses joueurs : c’est une philosophie. Depuis l’arrivée de Kjetil Knutsen sur le banc en 2018, le club est devenu une machine à buts. En témoigne la saison 2020 où l’équipe a atomisé tous les records en scorant 103 buts en 30 matchs, s’offrant par la même occasion le premier titre national de son histoire. A titre de comparaison, le PSG a inscrit 86 buts en 38 matchs la saison dernière en Ligue 1, soit un différentiel de 17 buts avec 8 matchs en plus. 

 

Cette production offensive n’est pas le fruit d’une insolente efficacité, c’est celle d’une mentalité exemplaire. Car Bodø/Glimt n’est pas un petit poucet avec de la réussite, c’est un effectif qui joue au ballon. A l’instar d’un Leeds United, Bodø est un modèle d’engagement. Chaque joueur a son rôle, se donne pour l’équipe et connaît les qualités de l’autre. 

 

Made in Norway

Le jeune attaquant Erik Botheim a inscrit un doublé et délivré 3 passes décisives lors de la démonstration face à la Roma, cf Europsort

Ce n’est donc pas une surprise de les voir performer en Europe. Mais de là à humilier la Roma … c’est un tout autre niveau. En plus du football champagne, le club norvégien sait également être régulier. En tête de leur championnat après 26 journées, la bande à Knutsen se dirige vers un second titre de champion consécutif. Un constat épatant quand on sait que, lorsque l’entraîneur a repris le club, Bodø/Glimt était relégable en Eliteserien (championnat norvégien). Une belle histoire pour le club du Nord du pays, qui a mis fin aux hégémonies de Rosenborg et Molde, les deux monstres nationaux. 

 

Ce conte de fée est notamment rendu possible par la confiance aveugle du staff en son centre de formation. Preuve en est, le milieu de terrain est exclusivement composé de joueurs formés au club : le capitaine Patrick Berg (23 ans), le milieu offensif Urik Saltnes (28 ans) et Sondre Fet (24 ans). Mieux encore, face à la Roma, 20 des 23 joueurs convoqués sont norvégiens. Bodø/Glimt est donc un vivier pour l’équipe nationale puisque trois de ses joueurs ont rejoint Erling Haaland pour les matchs de Ligue des Nations. 

 

Louis Bouchard