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On se fait la bise ?

Française, Français … elle est de retour. Calomniée, condamnée depuis deux ans, la bise revient à la mode. Est-ce l'arrivée de l'été ou l'apaisement de gestes barrières qui incite la France à tendre l'autre joue ? Si pour beaucoup, le baiser n’est plus d’actualité, ce débat, muet en société, agite joues et lèvres. Reviendra, reviendra pas ? 

 

Afficher l’image sourceSource : slate.fr

 

C'est alors que, en quelques mois, la France a arrêté de s'embrasser. C'était il y a plus de deux ans maintenant : les masques florissaient, le gel hydro-alcoolique coulait à flot et la nation se confinait… craignant chaque jour un peu plus les chauve-souris et autres pangolins. 

 

Outre la crise économique et les drames sociétaux, une pratique est plus en péril que les autres : le fameux baiser, si cher à notre culture frenchie. Panneaux, annonces et même publicités se liguent contre la bise : vive les gestes barrières, à bas le rapprochement physique. Une campagne qui porte ses fruits : violemment, la pratique disparaît. Pire encore, elle est le danger, le geste à éviter. Comment se relever de telles calomnies ? 

 

Un baiser pour l'éternité 

 

Le check, la poignée de main … parmi les modes de salutations, rares sont ceux à jouir d'une telle histoire que la bise. En effet, les racines de la pratique datent de la Rome Antique. Plus qu'une salutations entre intime, la bise est alors codifiée puisqu'il existe trois types de baisers : 

                                                                       .l'osculum, le baiser solennel des élites 

                                                                       . le saevium, baiser réservé aux filles de joies ayant la particularité de "mettre la langue", le french kiss à l'ancienne quoi 

                                                                       . le baesium, le baiser affectif entre amis, le plus proche de "notre bise" à nous 

 

Il s'agit donc d'une pratique ancestrale, qui n'est absolument pas réservée aux français. Karina Alt, docteur en analyse du comportement, le précise : "près de 90% des civilisations ont recours à l'embrassade - contact des visages respectifs avec la bouche ou la joue - ndlr)."  Si la bise est largement répandue, Karina Alt avoue n'avoir jamais vu une pratique disparaître aussi vite : "Ça a été très brutal, la pandémie risque d'avoir de grosses répercussions sur nos habitudes de salutations. Autant au niveau affectif que professionnel." 

 

"Une preuve d'affection avant tout"

 

Cette disparition a, dans un premier temps, laissé place à une pratique utilisée seulement entre amis, le bien nommé "check". Ce mouvement, qui consiste à faire s'entrechoquer les poings de chacun, a pour avantage, outre sa simplicité d'exécution, d'être très peu affectif. Le contact est bref et très léger, permettant aux mains les plus moites de ne pas déranger leurs compères plus sèches. 

 

Pourtant, pour Karina Alt, "la bise va revenir dans les cercles proches." Cette certitude est d'abord biologique : "le baiser sécrète plusieurs hormones comme la dopamine ou l'endorphine, dîtes hormones du bonheur. Ce rapprochement physique est inconsciemment agréable." Mais la dimension biologique n'est pas la seule à prendre en compte : "le contact physique évoque l'importance donnée à une relation. C'est une preuve d'affection avant tout ! On fait la bise à sa famille et à ses amis pour leur témoigner notre tendresse." 

 

Cet aspect trahit donc l'attachement pour autrui, un facteur affectif qui n'est pas présent en contexte professionnel : "déjà rare dans ces milieux, la bise va totalement disparaître. Je pense que la poignée de main va s'imposer, par sa cordialité, dans tous les milieux professionnels."

 

Amateurs de bise, soyez donc rassurés, la pratique ne risque pas de disparaître. Dans tous les cas, "quand l'être humain est privé de quelque chose, il fait tout pour qu'elle revienne" sourit Karina Alt. 

 

xoxo Louis Bouchard