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Walking-football : Pas de retraite pour les champions !

 

On entend souvent que les footballeurs sont payés pour courir derrière un ballon. Une critique factuelle implacable : les arguments contre cette réalité étant bien maigres. Mais aujourd'hui, une discipline vient contrer cette affirmation. Venue d'Angleterre, elle coche toutes les cases du football, sauf une : courir derrière un ballon. Un sport pour les plus âgés qui ne veulent pas raccrocher les crampons. 

 

Afficher l’image sourceSource : avulo.nl

 

C'est l'été, il fait chaud. Vos amis passent la journée à jouer au foot. Exténué, vous fermez les yeux et fabulez : « Je rêve d'un monde où on peut jouer au football sans se fatiguer. » Vous ouvrez les yeux et là, devant vous, la révélation : le walking-football. Pratique importée d’Angleterre, la discipline comporte trois règles essentielles la dissociant du football classique : 

 

  •  Il est interdit de courir et de décoller les deux pieds du sol.
  • Tout contact physique est formellement prohibé.
  • Il est interdit d’envoyer le ballon à plus de deux mètres de hauteur. 

Toutes ces consignes ont un objectif précis : limiter les efforts intenses et réduire les possibles risques de blessure. Vous l’aurez compris, cette discipline vise une tranche d’âge spécifique : les personnes de plus de 50 ans. La diminution des contacts, l’interdiction de courir … tout est pensé pour que n’importe qui, quelle que soit sa disposition physique, puisse jouer. C’est également le cas pour le terrain : la discipline est pratiquée à six contre six sur des pelouses de 20 mètres sur 40, contre 68 sur 105 pour les terrains traditionnels. Ces dimensions et celles des cages sont, pour donner un ordre d’idée, celles d’un terrain de handball. 

 

L’AFFM, émissaire du walking-football français   

      

Si le walking-football connaît un important essor en Angleterre – avec plus de 1000 clubs enregistrés –, il se fait plus timide dans l’Hexagone. Pourtant, depuis deux ans, la France a sa propre institution : l’Association Française de Football en Marchant (AFFM). Créée par Pierre de Reglaudre, la discipline commence à se populariser : « J’ai découvert le walking-football à l’occasion d’un voyage à Derby, en Angleterre. J’ai pu y jouer et j’ai directement accroché, raconte-t-il, je voyais des seniors heureux de pouvoir rejouer au football, de pouvoir se confronter à armes égales à leurs adversaires. » Cette notion d’égalité des chances, c’est une valeur qui a directement emballé le quinquagénaire : « Il y avait des hommes de 50 ans qui tapaient la balle avec des seniors de 70, le tout dans une ambiance saine … mais compétitive ! » 

 

Car le walking-football, c’est un sport comme un autre, avec des enjeux sportifs : « Vu que le sport est populaire là-bas, il y a des championnats par tranche d’âge, avec de vraies rivalités. Mon objectif, à long terme, est de retrouver et créer ça en France. » À l’heure actuelle, l’AFFM compte une trentaine de clubs adhérents, « un bon début » se félicite Pierre de Reglaudre. Avec plus de 300 fidèles, la pratique doit maintenant faire face à un autre défi : s’institutionnaliser. « Nous sommes en contact avec la Fédération Française de Football afin de créer une discipline à part entière, c’est un long processus mais c’est en cours ! » 

 

Dans cette optique, des formations sont organisées pour les arbitres : « C’est très sérieux, insiste Pierre de Reglaudre, des arbitres anglais viennent et sont très sévères, il faut vraiment être qualifié pour avoir le diplôme. » Il étouffe un rire et reprend : « preuve en est, je ne l’ai pas eu. » Au total, l’association dénombre aujourd’hui douze arbitres qualifiés : « grâce à eux, nous avons pu organiser des détections pour la première équipe de France de football en marchant (voir encadré) ! » 

 

Un football plus social que jamais ! 

 

Mais équipe de France ou pas, le walking-football reste un divertissement : l'occasion de se retrouver entre amis pour taper dans le ballon. Mieux encore, les seniors peuvent même se mesurer à leurs enfants puisque, lors d'un tournoi, une équipe de plus de 60 ans affrontait des petits de 12 ans. Une chance pour les grands-parents de se mesurer à leurs petits-enfants en toute égalité !

 

L'absence de dimension physique permet également aux femmes de jouer d'égales à égales contre les hommes. Pas de coup d'épaule ni d'accélération brutale : tout est dans la technique. Et à ce niveau-là, le genre ne change rien ! Si les joueurs se sentent plus jeunes dans la tête, c'est aussi le cas pour les jambes. C'est démontré, la pratique est excellente pour la santé : « jouer au walking football est excellent pour le rythme cardiaque, mais aussi pour les problèmes de cholestérol ». Une activité recommandé pour tous : « J'ai un ami, fan de foot, qui a eu la maladie de Parkinson à 30 ans. Aujourd'hui il n'est plus autorisé à courir … le walking-football lui permet de rejouer en toute sécurité. » 

 

 

 

UNE ÉQUIPE DE FRANCE  ?

 

Oui oui, c’est officiel, la délégation bleu-blanc-rouge a une équipe de walking-football… enfin plutôt quatre. Comme le football traditionnel, qui compte des équipes de France U17, U21 et espoirs, le football en marchant détient trois catégories : plus de 50 ans, plus de 60 ans et plus de 70 ans. La quatrième équipe en question est une équipe féminine et regroupe des joueuses de plus de 40 ans. Tous ces représentants du ballon rond tricolore se retrouveront le 21 et le 22 mai pour la première édition du 4 nations. 

 

Non ce n’est pas du rugby mais bel est bien un tournoi international de walking-football qui verra s’affronter les équipes de France, d’Angleterre, d’Italie et du Pays Basque Espagnol. « Je suis impatient à l’idée d’y assister, confie Pierre de Reglaudre, nous avons fait un stage avec les équipes à Chateaubriand pour préparer le tournoi. Ça va être dur mais on a hâte de se frotter à ces équipes de haut niveau ! » Un tournoi également symbolique pour les joueurs, dans l’idée où aucun d’entre eux n’a jamais porté le maillot de l’équipe de France : « ce sont des fans de foot, comme beaucoup ils rêvaient de porter le maillot sans jamais l’espérer. Maintenant c’est le cas. » Un rêve éveillé pour les joueurs, qui auront leurs chances puisque seulement deux anciens professionnels sont acceptés par équipe. Une règle fidèle aux valeurs du sport, visant à donner sa chance à tout le monde tout en gardant une équité sportive.